La Citroën DS 19
𝑳𝒂 𝑪𝒊𝒕𝒓𝒐𝒆̈𝒏 𝑫𝑺 19
Anniversaire des 50 ans de la mort du 𝘎𝘦́𝘯𝘦́𝘳𝘢𝘭 𝘋𝘦 𝘎𝘢𝘶𝘭𝘭𝘦 obligeant, j’ai choisi de vous présenter cette semaine la célèbre Citroën DS.
Je vais tenter aujourd’hui de vous donner un maximum d’information sur cette mythique française. Mes sincères excuses aux grands fans qui pourraient se dire « il manque ça, ça et ça »… Oui c’est vrai mais pour parler de manière complète de la Citroën DS il faudrait écrire un livre ! Toujours dans l’idée de présenter un modèle le plus précisément possible et sans faire 50 pages je vais me consacrer pour cette fois à la première série de DS, la DS19.
C’est le 6 Octobre 1955, à l’occasion du 42𝙚̀𝙢𝙚 𝙎𝙖𝙡𝙤𝙣 𝙙𝙚 𝙡’𝘼𝙪𝙩𝙤𝙢𝙤𝙗𝙞𝙡𝙚 𝙙𝙚 𝙋𝙖𝙧𝙞𝙨 qui se déroulait au Grand Palais que la toute première DS fut dévoilée au public.
Elle fut longtemps attendue par la presse spécialisée qui avait entendu des bruits de couloirs disant que Citroën allait sortir une voiture révolutionnaire et ceci malgré le mutisme du constructeur qui tenait absolument à conserver le secret. Cette volonté de surprendre est allée si loin que Citroën n’hésita pas la veille du salon à annoncer à la presse qu’aucune nouveauté ne serait présentée au Grand Palais.
A l’instant même où la bâche fut enlevée, dévoilant ainsi ses courbes, la 𝗗𝗦𝟭𝟵 fit immédiatement sensation auprès du grand public qui sous l’effet de la surprise observa un silence religieux. Cette dernière se distinguait en tout point de la concurrence, que cela soit grâce à son design futuriste ou encore grâce à ses nombreuses et innovantes technologies proposées telles que: freinage assisté, freins à disques, direction assistée, roues indépendantes avec suspensions hydropneumatiques, correcteur de charge afin de maintenir la position horizontal (et donc le confort) de la voiture, système hydraulique utilisé aussi pour les freins, changement de vitesse au volant qui agit hydrauliquement sur l’embrayage…. Pour la petite histoire Citroën aurait souhaité aller plus loin en offrant une boite automatique mais finance obligeant le projet fut abandonné.
Ses courbes nées sous les coups de crayon du styliste 𝐹𝑙𝑎𝑚𝑖𝑛𝑖𝑜 𝐵𝑒𝑟𝑡𝑜𝑛𝑖 sont tout en finesse, lui donnant des allures de fusée avec son né effilé, sa fine calandre, son profil en « goutte d’eau » et ses petits clignotants ronds dans le prolongement du toit… Il supprima le moindre angle sur la partie avant de la voiture, donna une forme légèrement ovale au pare-brise, avec des montants peu épais pour l’époque offrant une visibilité panoramique, un trait général très aérodynamique rappelant l’aéronautique voir même le missile… L’intérieur, avec son célèbre volant mono-branche, n’était pas en reste ! A mi-chemin entre l’aviation et la plaisance de luxe il ne laissa personne indifférent que cela soit autant pour ses lignes révolutionnaires (grille d’aération par exemple) que pour son sens du détail. Pour l’anecdote F. Bertoni, sous l’initiative de 𝘗𝘪𝘦𝘳𝘳𝘦-𝘑𝘶𝘭𝘦𝘴 𝘉𝘰𝘶𝘭𝘢𝘯𝘨𝘦𝘳 (Président de Citroën) commença a travailler sur ce projet dès 1938…
Tout cela valut à la DS19 un carnet de commande signé sur le salon de plus de 80.000 unités. Ce qui voulait dire pour le client quasiment deux ans d’attente ! La concurrence, qui n’avait pas vu venir la sortie de ce véhicule venait de se faire rétrograder de 15 ans en arrière… Toutefois le design disruptif de cette dernière ne fit, pour autant pas totalement l’unanimité. Certains se demandant s’il fallait la trouver belle ou laide…Toute révolution comporte son lot de détracteurs ! Autre bémol à ce lancement, Citroën fut à ses débuts de production dépassé par la demande et par le manque d’essais préalables nécessaires pour caler les chaînes de production mais aussi gommer des défauts.
On l’aura compris derrière la DS résidait l’idée de luxe. Citroën ira encore plus loin avec la présentation en 1964 de la 𝑫𝑺 𝑷𝒂𝒍𝒍𝒂𝒔 qui offrait une quantité de finitions haute-coutures assez impressionnantes telles que : enjoliveurs, baguettes, chromes présents quasiment partout, feux longue portée, sièges repensés pour plus de confort et en velours, aluminium brossé, habillages de portes, option cuir, moquettes rembourrées… Dès 1967 le constructeur automobile équipera la voiture de ses phares directionnelles…une option qui mettra plus de trente ans à se généraliser chez les autres constructeurs ! Toutes ces technologies novatrices permirent au Président De Gaulle d’échapper, en 1962, à une tentative d’assassinat au Petit-Clamart… Sa Citroën DS 19 continua de rouler malgré de nombreux impacts de balles et…une roue en moins !
Parallèlement à la DS 19 et ceci dès 1956 l’ID 19 fut lancée. L’idée était de proposer au public une voiture moins puissante, moins enjolivée, moins équipée… mais moins cher et donc plus accessible au plus grand nombre. Les débuts ne furent pas aussi resplendissants que pour la DS19, beaucoup à l’époque ne comprenant pas l’intérêt de proposer une voiture plus dépouillée. Mais elle sut rapidement jouer son rôle de tremplin vers l’achat de la DS 19.
Par la suite, mais elles feront l’objet d’autres articles, d’autres versions de la Citroën DS furent produites jusqu’en 1975 et ceci partout dans le monde, de l’Europe à l’Australie tout en passant par l’Amérique du Sud.
𝗟𝗮 𝗺𝗼𝘁𝗼𝗿𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻…
Initialement le bureau d’étude travailla et mit au point un moteur 6 cylindres à plat souhaitant ainsi offrir à cette berline haut de gamme un moteur puissant. Plusieurs prototypes refroidis par eau ou par air furent assemblés entre 1952 et 1953. Hélas la mise au point fut laborieuse, la sortie de la voiture devait se faire rapidement (car dès Avril 1952 l’Autojournal publia des dessins du projet sauf que Citroën souhaitait conserver le plus grand secret autour de ce projet dit VGD) et surtout le bureau d’études remarqua beaucoup trop tard que le moteur ne pouvait être produit dans les usines… Il aurait nécessité beaucoup trop de changements internes, d’investissement en outillage et formations… Bref tout cela fut impossible car beaucoup trop coûteux pour Citroën qui financièrement parlant n’était pas au mieux de sa forme.
Vu qu’il était trop tard pour lancer l’étude d’un nouveau moteur il fut alors demandé à Becchia de repenser le moteur quatre cylindres en ligne de la Traction 11. Ce dernier est porté à 1911cm3, reçoit une culasse hémisphérique aluminium, un carburateur double corps et sa puissance sera porté à 75cv. Il lui permit d’obtenir une vitesse maximale de 140km/h.
𝗟𝗲𝘀 𝗗𝗦 𝗛𝗲𝗻𝗿𝗶 𝗖𝗵𝗮𝗽𝗿𝗼𝗻, 𝗱𝗲 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁𝘀 𝗯𝗶𝗷𝗼𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝗳𝗼𝗻𝘁 𝗿𝗲̂𝘃𝗲𝗿 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗱’𝘂𝗻 𝗰𝗼𝗹𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻𝗻𝗲𝘂𝗿 !
En dehors de la DS dite « de série » et des différentes évolutions qui seront proposées par la suite il existe des versions cabriolet non dessinées par Citroën. La toute première fut la DS cabriolet 𝗛𝗲𝗻𝗿𝗶 𝗖𝗵𝗮𝗽𝗿𝗼𝗻 dite La Croisette.
H. Chapron était un célèbre carrossier parisien, ayant déjà travailler sur de mythiques modèles (Delage D8, Talbot Atlantic, Hispano-Suiza H6B “Le Dandy”, Delahaye M, Delahaye 135, Hotchkiss 17 CV, Delahaye 178, Salmson S4E…) il dévoilera en 1958 son premier prototype de DS cabriolet. Rapidement il proposera une version coach Le Paris puis un cabriolet 2+2 dit Le Caddy. Le succès auprès du public fut tel qu’il acheta durant deux ans des voitures « finies » auprès de Citroën afin de les dépouiller pour les retravailler. Il faudra attendre le début des années 60 pour que le constructeur accepte de livrer à H. Chapron des soubassements/plateformes roulants au lieu des voitures finies. Par la suite le constructeur commercialisera son propre cabriolet…mais dessiné par H. Chapron !
Aujourd’hui les DS Cabriolet Chapron font figure de graal pour tout collectionneur d’automobiles anciennes. Elle est d’ailleurs la plus cotée mais également…la plus copiée ! Elles ont aidé à faire un peu plus rentrer dans l’histoire, si besoin en était, cette mythique voiture.
Pour la petite histoire Henri Chapron travailla aussi sur un autre modèle de Citroën DS, un modèle unique… la voiture présidentielle ! Une voiture sur base de DS 21, plus longue (6,53m) et aux courbes redessinées… mais ceci est une autre histoire !
𝗟’𝗮𝗿𝘁 𝗲𝘁 𝗹𝗮 𝗗𝗦, 𝘂𝗻𝗲 𝗵𝗶𝘀𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗮𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻
Le cinéma, de par les nombreuses apparitions, contribua fortement à construire le mythe autour de la DS. Elle sera en effet visible dans plusieurs centaines de films (différents films de Louis de Funès, l’Aventure c’est l’aventure, le Samouraï, Les Tontons flingueurs, Wasabi…), en France comme à l’étranger (Scarface, Retour vers le Futur, Arrête-moi si tu peux, Da Venci Code, X-men Le Commencement, Wonder Boys…), dans des productions de l’époque comme d’aujourd’hui (exemples : Buffy, NCIS, Le Mentaliste…). Il est difficile de donner un chiffre exact du nombre d’apparition de cette célèbre française au cinéma, à la télé, dans les clips musicaux ou encore dans la littérature… Ce qui est certain c’est qu’elle est présente partout depuis plus de 50 ans !
𝘾𝙤̂𝙩𝙚́ 𝙖𝙣𝙚𝙘𝙙𝙤𝙩𝙚𝙨
La toute première série sortie fut connue sous le doux nom de DS 19 mais savez-vous pourquoi ? Cette dénomination fut choisie comme un clin d’œil à sa cylindré. En effet la première série de 1955 fut équipée du bloc-moteur, amélioré, de la Traction portant ce dernier à 1911cm3… D’où le nom de DS19.
Toujours pour la petite anecdote mais dans un registre différent, la DS remportera le Rallye de Monte-Carlo en 1959 démontrant ainsi qu’elle n’est pas simplement un salon de luxe sur route…mais également une grande routière qui peut offre un aspect sportif. D’autres podium (ou d’excellent classements) a également participé à faire la réputation de la voiture : Mille Miglia, Coltelloni, Rallye du Maroc…
A la semaine prochaine pour un nouvel article !