Ferrari 365 GTB/4« Daytona »
Ferrari 365 GTB/4« Daytona »
Une belle italienne au design révolutionnaire pour l’écurie au cheval cabré !
Cette semaine j’ai choisi de vous présenter une mythique italienne au surnom bien « américain », la Ferrari 365, dite « Daytona ». Présentée en 1968 au Mondial de l’automobile de Paris la Ferrari 365 GTB/4 est une voiture de sport de grand tourisme. Elle succède aux différentes Ferrari 250 et 275. Conçue par Enzo Ferrari avec comme objectif inavoué de concurrencer la Lamborghini Miura sortie en 1966 (GT à moteur V12 central-arrière transversal, révolutionnaire !) ainsi que la Ford GT 40. Cette dernière prenait régulièrement le dessus sur les Ferrari 275 GTB lancées en compétition… ce qui piqua au vif le patron de marque au cheval cabré !
La 365 fut dessinée par Leonardo Foravanti (Pininfarina) et carrossée par Scaglietti. Avec un empattement de 2,4 mètres elle reprend à l’identique la base de la 250 GT ou encore de la 275 GTB. Elle ne fait que dix petits centimètres de moins que la concurrente Miura.
Produite de 1968 et 1973 la Daytona fut déclinée en deux versions : GTB/4 Berlinette coupé (1.284 exemplaires) et GTS/4 Spider cabriolet (122 exemplaires).
Il existe une troisième version qui est plus une édition spéciale qu’une réelle déclinaison commerciale : la 365 GTB/4 Shooting Break. Elle ne fut produite qu’à un seul exemplaire. D’un point de vue personnel les lignes et notamment l’arrière de cette dernière est…déroutante dirais-je pour rester élégant !
Un contexte de « guerre froide » italo-américaine
Pour mieux comprendre l’ambiance de l’époque l’écurie Ferrari qui dominait depuis des années la compétition était de plus en plus concurrencée tout autant au niveau des performances que du design par d’autres firmes italiennes telles que Maserati et Lamborghini. Concernant cette dernière Enzo Ferrari jeter un regard assez tranché sur ce « constructeur de tracteur agricole ». Le succès de la sortie de la Miura ne fit, sans doute, que rajouter une certaine amertume… Comble de l’histoire cette dernière était à moteur central-arrière !
A ceci on doit rajouter la victoire en 1967 aux 24 Heures du Mans de la Ford GT 40, devant la fameuse écurie italienne. Cet échec passa extrêmement mal également auprès d’Enzo Ferrari… surtout quand on connait l’antécédent entre Ford et Ferrari !
La firme transalpine dans une situation financière relativement délicate fut approchée à de nombreuses reprises par Ford pour entrer au capital. Pour diverses raisons notamment patriotiques c’est Fiat qui fit son entrée au capital (40%) de la marque au cheval cabré. Ford, fortement vexé lança un programme pour tailler des croupières à Ferrari (notamment avec la G40). L’entreprise américaine alla encore plus loin en soutenant le très jeune constructeur italo-argentin De Tomaso en lui fournissant notamment des moteurs. Pour couronner cela lors de la présentation de la 365 GTB/4 sur le Salon de Paris la Ford GT40 victorieuse au 24H du Mans 68 encore sale (non nettoyée) fut exposée non loin du stand Ferrari… Provocation provocation !
Trois ans plus tard (1972), comme un beau symbole de revanche qui fit surement du bien au moral d’Enzo Ferrari la « Daytona » remporta les cinq premières places de la catégorie lors des 24 Heures du Mans !
Un design unique et nouveau pour Ferrari
Au niveau du design la Ferrari 365 GTB/4 entre dans la légende comme celle qui, grâce à la modernité de ses lignes rompt avec les lignes très arrondies, très généreuses des voitures précédentes (gamme 250…). L’avant est élancé, très aérodynamique et offre une fine calandre rectangulaire avec des phares carénés (sous plexiglas) positionnés dans la ligne de lumière de la voiture.
A noter qu’à partir de 1971, pour les États-Unis, une série de 800 exemplaires fut produite avec des phares escamotables afin de répondre à la nouvelle législation américaine interdisant les « verrières et autres globes » sur les phares… Pour l’anecdote la Jaguar Type-E fut confrontée à la même problématique ce qui explique qu’en dehors des séries 1 et 1.5 les générations suivantes ne furent plus équipées des splendides globes avant.
Revenons à notre Daytona, le capot avant est très long, large, assez haut et arbore un profile relativement aplatie. Les clignotants sont incrustés dans la ligne de lumière et se prolongent latéralement quasiment jusqu’au niveau des passages de roues. L’habitacle est reculé, domine la route et offre une surface vitrée qui semble plus importante que sur les modèles précédents.
L’arrière de la 365 GTB/4 est assez court et se termine un peu façon « fastback ». Ce qui lui confère une petite touche d’agressivité. On pourrait même parler d’une ligne tronquée.
Les 500 premiers modèles furent ceinturés d’un bandeau en perspex. Pour la précision les portières ainsi que le capot sont en aluminium.
La version Spider (décapotable) fut équipé d’un toit rétractable souple et d’un coffre au profil plat. Pour résumer la 365 GTB/4 est connue pour être la Ferrari la plus, pour l’époque, profilée offrant des lignes qui sont toutes en longueur.
Au niveau de l’intérieur, il est assez classique pour l’époque tout en restant soigné et élégant. La sellerie cuir (sièges baquets) apporte une touche de sportivité ainsi que d’élégance à l’italienne. Certains critiques de l’époque ont regretté le manque d’audace, la trop grande sobriété intérieure comparé à notamment sa principale concurrente la Lamborghini Miura ou encore à la Maserati Ghibi.
Parlons de la motorisation
La Ferrari 365 est équipée d’un moteur dérivé de la 275 GTB/4. Ce moteur V12 à 60° baptisé Type 251, de 4,4 litres (4390cc) développe 352 chevaux pour un poids de 1200kg. Ce qui représente un poids/puissance de 3,409.
La Daytona est dotée de quatre arbres à cames en tête, de deux soupapes par cylindre, d’une chambre de combustion hémisphérique, d’un carter sec ainsi que de 6 carburateurs Weber double corps. Le bloc moteur est entièrement conçu en aluminium. Tout ceci permet de pousser la F365 à plus de 281 km/h avec un 0 à 100 en 5.7 secondes et un 400mètres en départ arrêté en 13,7 secondes. Plus impressionnant encore selon la firme transalpine le kilomètre départ arrêté est avalé en 24,3 secondes. Impressionnant pour l’époque !
Pour la petite histoire les moteurs des premiers prototypes de Daytonaétaient dotés de culasses plates… spécificité qui fut abandonnée très rapidement.
Le moteur fut reculé à son maximum possible (tel que pour le 275 GTB/4) et ceci malgré la célèbre devise d’Enzo Ferrari« les chevaux sont là pour tirer la charrette, pas la pousser ». Relativisons tout de même il ne s’agit pas d’un placement à l’arrière pour autant. Par contre la boite de vitesses (cinq rapports) ainsi que le différentiel sont placés à l’arrière afin de permettre un meilleur équilibre général de la voiture (répartition des masses)…quitte à rompre un peu avec la tradition de la firme. Le tout fut posé sur un châssis tubulaire fait de tubes ovales à large diamètre, des entretoises et des sous-structures.
Côté anecdotes
Le surnom de « Daytona » fut donné par les médias spécialisés après les trois victoires de la Ferrari aux 24 Heures de Daytona en 1967 (Ferrari P4). A ce moment-là ce n’était pas exactement la 365 sous la forme qu’on lui connait aujourd’hui mais le prototype 330 P4. Le surnom de Daytona fut donné par la presse mais ne fut jamais officialisé par la firme transalpine.
Toujours côté anecdote le lancement de la 365 marque le début de la belle et longue collaboration avec l’entreprise Michelin (cocorico !!). L’entreprise tricolore chausse ainsi les toutes nouvelles jantes à étoiles (cinq branches) de Ferrari. Cependant les splendides jantes à rayons Borrani étaient disponibles en option.