L’Aston Martin DB2

La première « véritable » DB qui relança et sauva la firme anglaise

Avant tout un peu d’histoire…

Aston Martin est une marque britannique de voiture de luxe et de sport. Elle fut créée en 1913 par deux passionnés de courses automobiles et de mécanique, Lionel Martin et Robert Bamford avec comme objectif de concurrencer sur circuits les plus grandes marques de l’époque telle que Bugatti. Les succès en courses arrivèrent rapidement.

Hélas une mauvaise gestion financière couplée à l’éclatement de la 1^èreGuerre Mondiale faillit sonner le glas de la très récente firme. Aston Martin aurait d’ailleurs disparue si le Comte Zborowski (Pologne) n’était pas venu en aide à la marque en épongeant une grande partie des dettes de l’entreprise. Le répit fut de courte durée puisque moins de dix ans plus tard le constructeur britannique fait, de nouveau, face à de grandes difficultés financières conduisant à sa mise en liquidation. C’est grâce à un nouveau mécène, Augusto César Bertelli (anglo-italien) qu’Aston Martin évite la disparition en 1926.
Un célèbre dicton disant « jamais deux sans trois » l’entreprise se retrouva à nouveau au bord de la faillite au lendemain de la 2^ndGuerre Mondiale. Une économie de guerre subit durant des années et des lendemains difficiles de reconstruction laissant ainsi que peu de place « aux voitures de grands luxes » font que les finances d’Aston Martin étaient au plus bas. Compte tenu de la période et du passé financier compliqué du constructeur les banques refusèrent d’accorder des crédits supplémentaires. La marque fut alors mise en vente en 1946, notamment via des petites annonces dans les journaux tel que le Times « Sports Car company for sale » !… Atypique dirions-nous ! Un peu comme si aujourd’hui nous trouvions Bentley à vendre sur leboncoin !

L’annonce fut vue le 1^erOctobre 1946 par David Brown. Séduit par l’idée et par l’essai du prototype Atom développé pendant la guerre (dès 1939) il se porta alors acquéreur d’Aston Martin.
C’est donc en 1947 que la marque britannique connait sa « seconde » naissance, son renouveau sans lequel elle serait sans doute aujourd’hui une marque du passé, oubliée. A l’état de faillite elle fut donc rachetée pour 20.000 Livres Sterling par David Brown (DB). Ce dernier était un riche industriel anglais à succès dont la famille avait fait fortune dans le secteur du matériel agricole (construction de tracteurs).
Pour la précision, car cela aura son importance pour comprendre la suite, David Brown n’acheta pas un seul constructeur automobile, mais deux ; Lagonda. Hormis pour sa notoriété cette dernière semble avoir été acquise principalement afin de mettre la main sur son savoir-faire en matière de motorisation. Notamment son six cylindres en ligne de 2.6L, renommé pour ses performances et sa solidité. L’idée était sans aucun douate de combiner l’élégance, le prestige et le standing d’Aston Martin avec la performance et la fiabilité des moteurs Lagonda.

Revenons à notre DB2

C’est en 1950, au New York Motor Show que le premier modèle d’Aston Martin DB2 fut présenté au grand public pour la première fois. Basée sur l’une des trois voitures prototypes (DB Mark II) lancées sur les 24 Heures du Mans 1949 la DB2 prit la relève de l’éphémère 2-Litre Sports qui fut la première voiture de l’ère David Brown mais dont le succès fut plus que relatif (15 exemplaires). Un quatrième prototype fut produit mais il ne fut pas conçu pour les 24 Heures du Mans mais pour être utilisé par David Brown comme sa voiture personnelle. La DB2 connaitra immédiatement un franc succès auprès de la presse spécialisée mais aussi auprès du public.

L’Aston Martin DB2 fut produite entre 1950 et 1953. Elle fut déclinée en deux versions, un cabriolet (Drop Head Coupe) ainsi que la version la plus sportive, la DB2 Vantage. Au total 410 exemplaires sortirent des ateliers dont 98 cabriolets. Grâce à l’enthousiasme qu’elle suscita elle permit à la firme anglaise de renouer avec le succès et ainsi donc de relancer la marque. En dehors de sa ligne et de ses performances le niveau de finitions, la qualité des matériaux et notamment de la sellerie et du tableau de bord (en bois) y sont pour beaucoup.

Hélas les clients de ce coupé de luxe lui reprochèrent rapidement de ne comporter que deux places. Elle fut donc remplacée en 1954 par la DB2/4 qui est en quelque sorte une version Grand Tourisme comportant quatre places.

Un design unique, puissant et masculin

Les lignes de l’Aston Martin DB2 sont l’œuvre de Frank Feeley surement inspirées, compte tenu des courbes, des designers italiens de l’époque. La voiture offre des lignes uniques, imposantes, masculines, puissantes, tout en élégance…. Bref des lignes beaucoup plus modernes que sa prédécesseure la 2-Litres Sport.
La voiture de par son imposant gabarie, son rapport voie* de l’essieu avant / hauteur donne une impression « massive » sans pour autant perdre en agressivité, en sportivité.
Toute en rondeur elle ne possède aucune ligne cassée. Sa ligne de lumière commence au niveau du chrome dominant le phare avant et vient s’étirer, sans cassure et tout en droiture jusqu’au niveau de la fin de la portière à partir de laquelle elle se termine en plongeant.
Un long et imposant capot combiné à un habitacle reculé au maximum donne une sensation d’étirement, de vitesse ce qui offre un côté sportif aux lignes de cette DB2. Des lignes de chrome placées au dessus des phares mais aussi une fine barre chromée coupant le capot en deux apporte un côté effilé supplémentaire ainsi qu’un côté sportif et élégant à la fois.
La partie arrière est-elle aussi tout en rondeur et en générosité.

Pour résumer je dirais que les lignes DB 2 offrent un superbe équilibre entre sportivité, masculinité et élégance à l’anglaise. A noter que d’élégantes jantes 16’’ chromées, à rayons ainsi qu’un remarquable niveau de finition (cuir Conolly, tableau de bord en bois, chromes de qualité..) viennent compléter cette œuvre d’art. Autant à l’extérieur qu’à l’intérieur rien n’est laissé au hasard, tout

* voie : distance totale se situant entre les deux roues d’un même essieu

Naissance d’une mythique calandre…

Pour la petite histoire les 49 premières Aston Martin DB2 furent conçues par le célèbre carrossier Touring. Elles sont dotées d’une calandre en trois parties représentant un « T » retourné. Les lignes de ces « blocs chromés » sont assez basiques, avec moins d’harmonie et de fluidité que les calandres suivantes. L’intérieur de ses espaces sont dotés d’un grillage quadrillé. A partir du cinquantième exemplaire ce modèle de calandre est abandonné au profit d’une calandre, toujours en « T » retourné, mais unique (abandon des trois blocs). Elle offre plus de fluidité et de rondeur dans ses lignes pour une meilleure intégration. L’intérieur voit l’abandon du quadrillage pour des lamelles chromées horizontales.

Parlons de la motorisation de cette fameuse DB2

La DB2, tout comme sa grande sœur la 2-Litres Sport, est basée sur le châssis tubulaire de l’Atom. Elle est équipée d’un moteur développé par William Wilson (un ancien du constructeur Invicta) sous la supervision de Walter Owen Bentley (Lagonda). Il s’agit d’un moteur de 6 cylindres en ligne de 2.6 litres (2580 cm3), à deux arbres à came en tête développant, pour les premiers models 105 chevaux. Avec un poids voiture de 1.120kg ce moteur lui permettait d’offrir un rapport poids/puissance de 10.6 kg/ch. Le taux de compression était de 6,5 pour 1, ce qui semble particulièrement faible. « Toutefois cela était nécessaire à l’époque en raison notamment de la qualité de l’essence d’après-guerre (faible indice d’octane). » (Aston Martin)
Le Motor magazine, un célèbre titre de presse anglais de l’époque, avait réussi a faire atteindre à la DB2 à une vitesse maximum de 110 mph (177 km/h), avec un temps de 0 à 60 (96.5 km/) de 12,4 secondes.

Assez rapidement (à partir de janvier 1951) grâce à la modification, en option, de la culasse et à des carburateurs plus puissant le moteur (Vantage VB6E/) sera portée à 125 chevaux. Equipé de plus gros carburateurs et offrant un taux de compression supérieur, de 8,2 à 1 ce moteur permettait d’augmenter les performance et la vitesse de la DB2. À cette époque, l’option «Vantage» représentait un moteur plus puissant, mais aucune autre modification de performances ou de style. Équipée d’une boite manuelle quatre rapports elle offrait un confort de conduite et une sportivité remarquable pour l’époque.

Côté anecdote 

Je ne vous ferais pas l’affront de vous expliquer que DB est un hommage à David Brown… La DB2, malgré ce que son nom indique est la première voiture a porter officiellement le nom de DB. En effet après son rachat d’Aston Martin ce talentueux industriel essaya de relancer la firme avec le lancement d’un roadster 2 Litres Sport (4 cylindres de 90ch, 2L qui sera rapidement poussé à 2.L) dont le développement avait commencé pendant la guerre. Lancée en 1948 le succès ne fut pas au rendez-vous… Elle sera renommée a posteriori DB1. Elle ne fut produite qu’à 16 exemplaires. Elle léguera son châssis à la DB2.