Les Peugeot 302 et 402 Darl’Mat !
Les Peugeot 302 et 402 Darl’Mat !
La plus belle, la plus racée et la plus désirable des Peugeot d’avant-guerre si ce n’est plus !
La Peugeot 402 Darl’Mat est une splendide voiture Française, se rapprochant assez du style « roadster ». Elle est le fruit d’une collaboration étroite mais officieuse entre la firme Peugeot et un des concessionnaires parisiens de la marque au lion, Emile Darl’Mat (ex concessionnaire Panhard).
Dès la fin des années 1920 E. Darl’Mat s’associe avec deux amis proches Marcel Pourtout (célèbre carrossier) et Georges Paulin (chirurgien-dentiste). Pour l’anecdote ce dernier fut l’inventeur du premier toit rigide escamotable qui fut notamment monté sur les Peugeot 601 Eclipes. Ils commenceront par travailler sur des bases de Peugeot 301 qu’ils transformeront en exceptionnels coupé-cabriolets.
Pour la petite histoire c’est principalement à Georges Paulin que l’on doit les belles lignes élancées, tout en finesse de la 302 Darl’Mat. Passionné d’aérodynamisme et de design il testait déjà depuis des années les lignes de ses créations en soufflerie…. Une technique éminemment moderne et novatrice pour l’époque !
En 1936, à la demande du célèbre pilote automobile français Charles de Cortanze que ce trio de génie va commencer à travailler à la réalisation d’un petit roadster sportif, toujours sur base Peugeot. La présentation de ce petit modèle, à empattement court, à pavillon escamotable se fera d’ailleurs lors du Salon de l’automobile 1936… après à peine quelques mois de conception ! Le succès fut rapide pour cette entreprise artisanale puisque dès l’année suivante 38 voitures furent construites puis 67 en 1938. Peugeot fut immédiatement intéressé par le projet et décida de les soutenir et d’y attacher son nom (Peugeot 302 Darl’Mat Spécial Sport).
Rapidement (1937) les trois compagnons comprirent l’intérêt, tant économique qu’historique de ne produire que de petites séries. Lors de l’achat par le client ce dernier avait le choix parmi une gamme comportant trois modèles : un roadster (pare-brise rétractable et deux petits feux supplémentaires placés sous les phares), un cabriolet (portes non échancrées et pare-brise fixes) et un coupé (aussi appelé faux cabriolet… avec un toit fixe).
Au total 105 voitures furent produites sur bases 302 et 402 dites « légères ». Cette dernière reprend le châssis a empattement court de la 302 mais possède un moteur 402, plus puissant et plus fiable. Les modèles, même si visuellement ils sont identiques, recevront dès la fin du troisième trimestre 1937 l’appellation Peugeot 402 Darl’Mat Spécial Sport…
Sur le nombre total de voiture produite, 53 furent des roadsters, 20 des coupés (qui est particulièrement réussi et élégant) et 32 des cabriolets. Les spécialistes de la marque estime qu’aujourd’hui environ une trentaine de voitures maximum existent encore, hélas…
Un design unique
On doit les belles lignes de la 402 Darl’Mat au mariage du savoir-faire du carrossier Marcel Pourtout et à l’audace du coup de crayon de Georges Paulin. Ce dernier fera naître de ses rêves de courses, d’aviation et de sa passion pour l’aérodynamisme une voiture basse aux lignes sportives, fines, souples et élégantes… oserais-je dire féminines !
Le profil est tout en rondeur sans pour autant négliger l’aérodynamisme avec ses lignes élancées, ses passages de roues « goutte d’eau ». De chaque côté du capot sept ouïes (prises d’air), rondes, chromées, au diamètre de plus en plus important au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’habitacle apporte une impression d’aérodynamisme qui semble vouloir nous indiquer comment l’air circule quand la voiture roule.
Vu de face on retrouve une large et élégante calandre chromée en forme de blason bombé et qui est entourée de phares positionnés relativement bas pour l’époque. La ligne de crête qui vient casser la rondeur des passages de roues sur leurs sommets apporte un petit côté agressif / aérodynamique qui vient augmenter le côté sportif.
L’arrière de la voiture pourrait se résumer en une phrase « un chef d’œuvre d’aérodynamisme, d’élégance et de finesse ». Le capot arrière en forme de queue de pie commence donc sur toute la largeur de l’habitacle pour se terminer en pointe. La ligne de crête cassant la rondeur du sommet des passages de roues est reproduite à l’arrière. L’espace entre le début du passage de roue « goutte d’eau » et le capot « queue de pie » va grandissant… mais aussi en s’aplatissant vers la fin sûrement pour que la circulation de l’air plaque l’arrière de la voiture au sol !
Ajoutons à cela une ligne basse combinée à une certaine largeur qui accentue le côté sportif de l’auto. Bref les lignes de cette 302…ou 402 Darl’Mat sont superbes, quelle finesse de traits !
Pour la petite histoire, Marcel Pourtout avec pour objectif d’alléger la voiture la dota d’une carrosserie en aluminium (Peugeot avait opté pour l’acier sur ses modèles standards).
Au niveau de la motorisation :
Les voitures étaient équipées du moteur quatre cylindres en ligne de la Peugeot 402. D’une cylindré de 1991 cc, alimenté de deux carburateur Zénith il développe 70 chevaux permettant ainsi à l’auto d’atteindre une vitesse maximum de 145km/h. Sur demande du client la voiture pouvait accueillir une boite électromagnétique Cotal. A noter qu’initialement ce petit moteur ne développait que 43ch mais grâce au génie de l’équipe Darl’Mat ils réussirent à le booster.
A noter que pour de meilleures performances et un plus grand confort les roues avant sont indépendantes.
Les Peugeot 302 & 402 Darl’Mat et le sport…
Séduit par les performances « boostées » Peugeot incita et aida les trois acolytes à présenter trois de leurs voitures (Peugeot 302 Darl’Mat Spécial Sport) lors des 24 Heures du Mans 1937. Résultat plus qu’honorable puisqu’elles terminèrent deuxième, troisième et cinquième de leur catégorie (7ème, 8èmeet 10èmeau général). A noter que sur ces voitures, contrairement aux versions commercialisées, il n’y a pas de porte et pas de pare-brise mais un petit saute-vent… gain de poids obligeant. Les modèles étaient, visuellement, très proches du « roadster ».
En 1938 trois voitures sont engagées dans la compétition. Hélas deux d’entre elles sont obligées d’abandonné mais la troisième qui est pilotée par Charles de Cortanze et Marcel Contet décrochera une honorable 5èmeplace au général (première place dans sa catégorie, 2L). Cette année-là une certaine Delahaye 135CS qui était pilotée par Eugène Chabaud et Jean Trémoulet remporta la course.
Côté anecdote :
Pour en finir avec l’aspect performance, j’ai envie de vous parler de la belle prouesse de 1939, à la veille de la 2ndGuerre Mondiale de la Peugeot 402 Darl’Mat sur le célèbre circuit de Montlhéry. Elle fut lancée sur le circuit avec pour objectif de dépasser le cap des 200km/h… hélas elle ne réussit à atteindre que les 199km/h !
Pour conclure, et même s’il n’y a pas de lien avec l’automobile n’oublions pas de saluer le courage de Georges Paulin qui s’engagea en 1940 dans la Résistance (réseau Phill puis Alibi) pour combattre l’allemagne nazi. Il fut arrêté et fusillé au Mont Valérien le 21 mars 1942. G. Paulin fut décoré, à titre posthume de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance.