Sunbeam Alpine – Série II
𝙎𝙪𝙣𝙗𝙚𝙖𝙢 𝘼𝙡𝙥𝙞𝙣𝙚 – 𝙎𝙚𝙧𝙞𝙚 𝙄𝙄 (1962)
Une petite anglaise rendue célèbre grâce à l’agent 007 James Bond
Cette semaine (5 Novembre 2020) restera marquée comme celle de la mort de Sean Connery, acteur de légende qui endossa le costume de 𝐽𝑎𝑚𝑒𝑠 𝐵𝑜𝑛𝑑 pour la première fois au cinéma. Qui dit James Bond dit, certes femmes mais aussi voitures. Même si la plus célèbre des autos conduites par l’agent secret anglais est l’Aston Martin DB5 il ne faut pas oublier pour autant l’une des toutes premières voitures conduites par l’agent 007, je veux parler de la célèbre Sunbeam Alpine Serie II de 1962.
𝗔𝘃𝗮𝗻𝘁 𝘁𝗼𝘂𝘁, 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗼𝗻𝘀 𝘂𝗻 𝗽𝗲𝘂 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗿𝗾𝘂𝗲
Sunbeam est une marque anglaise créée en 1888 par John Marston, avec pour activité principale la fabrication de bicyclettes. Comme de nombreuses entreprises de l’époque il ne fallut pas longtemps à la société pour se diversifier en se lançant dans la conception de voiture mais aussi de motocyclettes (1901). Pour faire connaître son savoir-faire, promouvoir la performance de ses modèles, Sunbeam se lança dans la compétition. Le succès fut rapidement au rendez-vous pulvérisant des records de vitesse sur pistes (Broocklands), remportant des courses et autres traversées citadines de l’époque mais également en remportant les trois premières places du Prix de l’auto en 1912, le Grand Prix Automobile d’Espagne (1923) ainsi que le Grand Prix de France. À noter également une honorable seconde place aux 24H du Mans en 1925 (avec la Sunbeam Sport model DA 8206).
Au matin de la 1ère Guerre Mondiale Sunbeam ralentira, pour soutenir l’effort de guerre l’entreprise, la construction automobile afin de se consacrer à la fabrication d’avion de combat… Ce qui eut pour vertu d’améliorer le savoir-faire de l’entreprise dans la conception de moteurs.
Hélas les lendemains de guerre étant toujours compliqués l’entreprise fut rachetée, au bord de la faillite par le célèbre constructeur A.Darracq & Co Ltd. Ce dernier fit également, au passage, l’acquisition de la marque Talbot.
Peu de temps après, la Grande Dépression ainsi que les difficultés financières passèrent par-là avec pour conséquence le rachat en 1935 du constructeur par le groupe Rootes (constructeur automobile anglais, spécialisé dans les poids lourds / utilitaires). Les usines continueront à construire quelques Sunbeam mais la majeure partie de l’outil productif fut consacrer au développement de la marque d’automobile de luxe Hillman, déjà au portefeuille du groupes Rootes. À noter que de cette acquisition naquit aussi la division de la marque Talbot : Talbot en Angleterre et Talbot-Lago en France.
La seconde Guerre Mondiale étant là, les usines durent à nouveau se reconvertir à la fabrication d’avions militaires.
En 1964 le groupe Rootes sera racheté par l’américain Chrysler qui continuera à sortir des voitures sous la marque Talbot Sunbeam jusqu’en 1978.
En dehors des trophés remportés en compétition automobile la marque Sunbeam s’illustrera également grâce au célèbre film d’Alfred Hitchcock « La Main au Collet ». Dans ce chef d’œuvre du 7ème art, nous pouvons y voir Grace Kelly et Cary Grant conduisant une Sunbeam Alpine MK1 sur les hauteurs de Monaco…
𝙍𝙚𝙫𝙚𝙣𝙤𝙣𝙨 𝙖̀ 𝙣𝙤𝙩𝙧𝙚 𝙘𝙚́𝙡𝙚̀𝙗𝙧𝙚 𝙫𝙤𝙞𝙩𝙪𝙧𝙚 𝙙’𝙖𝙜𝙚𝙣𝙩 𝙨𝙚𝙘𝙧𝙚𝙩… 𝙇𝙖 𝙎𝙪𝙣𝙗𝙚𝙖𝙢 𝘼𝙡𝙥𝙞𝙣𝙚 – 𝙎𝙚𝙧𝙞𝙚 𝙄𝙄 (1962)
La série 1 est née sous les coups de crayon du designer Kenneth Howes (ex Studebaker et ex Ford) avec comme objectif principal de rivaliser avec les principaux petits cabriolets sportifs anglais de l’époque (roadsters de chez Triumph, MG, Austin Healy…). Elle est le fruit d’un subtil mélange entre ingénierie anglaise, lignes à « l’américaine » avec notamment les ailerons à l’arrière, le grand capot rappelons la Thunderbird ainsi que certains coups de crayons « à l’italienne ». Descendante de la MK1 elle sut se faire attendre avant d’être révélée au grand public !
Afin de réduire les coûts et pouvoir sortir une voiture raisonnablement « populaire » elle sera le fruit d’un assemblement de plusieurs pièces provenant des autres plateformes de marques du groupe Rootes. Ainsi la mécanique était issue d’Hillman Minc, le châssis du break Husky, les trains roulants de Sunbeam Rapier… Elle offrira dès le début une suspension indépendante, quatre freins à disques, une structure moderne monocoque ainsi qu’un petit moteur 4 cylindres de 1,5litre, avec culasse en aluminium, deux carburateurs Zénith et développant une puissance de 83 chevaux. Ce vaillant moteur permettait de propulser la série 1 à une vitesse de 155km/h, cheveux au vent ! La toute première Sunbeam série 1 sortira des chaînes de production de Coventry en 1959 et connaîtra rapidement le succès (plus de 11.000 exemplaires).
La série II, sortie en 1962 et rendue célèbre par le célèbre agent 007 dans « 𝗝𝗮𝗺𝗲𝘀 𝗕𝗼𝗻𝗱 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲 𝗗𝗿. 𝗡𝗼 », se distingue de la sa grande sœur (ndlr : la série 1) par une puissance accrue. Elle développe un moteur de 85 chevaux pour 1,6 litre. Un peu moins de 20.000 exemplaires seront produits jusqu’en 1963.
Par la suite Sunbeam Alpine connaîtra encore trois évolutions (dites « séries »), qui concerneront surtout la mécanique (augmentation de la puissance / cylindré du moteur, boite de vitesse synchronisée, boite automatique…) et d’une moindre manière le design (nouvelle calandre, ailerons arrière redessinés adoptant une forme « droite » pour la série IV). À noter qu’en 1961 après une participation aux 24𝘏 𝘥𝘶 𝘔𝘢𝘯𝘴 une version dite « coupée », dotée d’un toit en dur et carrossée par le célèbre carrossier Harrington sera commercialisée entre 1961 et 1964. Trois versions de ce coupé seront produites en collaboration avec Harrington Ltd sous les douces dénominations de 9201RW, 9202RW et 9203RW. 250 exemplaires seront produits.
Par la suite une série 3, série 4 et série 5 sortiront. Cette dernière version est présentée en 1964 au Salon de New York et est dotée d’un moteur V8 de 4,2 L dit Tiger. Il est issu d’une collaboration avec le célèbre 𝘊𝘢𝘳𝘳𝘰𝘭𝘭 𝘚𝘩𝘦𝘭𝘣𝘺. Deux ans plus tard le moteur sera porté à 4.7L de 200 chevaux répondant au principal reproche fait à la Sunbeam depuis 1959, à savoir son manque de puissance. Bien entendu, c’est cette dernière série, produite à un peu plus de 7.000 exemplaires, qui est la plus recherchée (et cotée)… Personnellement ce n’est pas cette série qui emporte mon vote… L’arrêt de production en 1968 de l’Alpline V (un peu plus de 19.000 exemplaires) marquera la fin de l’utilisation de la marque Sunbeam Alpine…
Pour la petite anecdote , même si pour nous en France le nom « Alpine » nous évoque en premier lieu Jean Rédélé puis Renault Sport, il est à noter que la marque Alpine fut en premier lieu utilisée (et déposée) outre-manche par Sunbeam. La légende veut que ce nom soit issu des nombreuses victoires de la marque lors de la Coupe des Alpes grâce à la Sunbeam Talbot 90 pilotée Stirling Moss…
A la semaine prochaine !